Oui, il y a cinq millions d'handicapés en France. Et encore ces chiffres sont minorés, car le savez-vous? à soixante ans, les handicapés disparaissent des statistiques - c'est la loi -, ils rejoignent la cohorte des personnes âgées.
Bien sûr, dans ce chiffre surprenant - presque un français sur douze - tous ne souffrent pas d'une déficience importante. Mais le chiffre est là : cinq millions de français représentant une minorité invisible avec un paradoxe : sur-représentée par une légion d'associations, de commissions, d'organismes, sous-représentée et prise en compte en tant que consommateur, en tant que travailleur intégré dans le monde du travail ordinaire, en tant qu'électeur, en tant que personne tout court, etc.
Quand on a un handicap de naissance, par exemple, la société ne vous déclare pas handicapé. Non, il faut le prouver, passer devant des commissions, des experts en tout genre, des assistantes sociales, dès fois que vous vous mettriez à remarcher, on ne sait jamais!
Aujourd'hui, le coup de gueule systématique, le mot qui fâche, c'est la discrimination. La personne handicapée subit depuis des lustres la défiance des autres, l'évitement, le rejet; ce n'est pas pour autant qu'elle se sent "insultée" dès qu'on pose le regard sur elle. Au contraire, elle aimerait bien qu'on la voit - certainement en posant sur elle un regard différent, un regard normal - mais qu'on l'apprécie pour ce qu'elle est, sans qu'il soit nécessaire d'établir un rapport de force pour se faire entendre, pour exister.
Arrêtons avec ce mot "discrimination", employé à tort et à travers, et qui ne fait qu'attirer les dissensions, les communautarismes, dans une société française en proie à la violence verbale et physique, une société en pleine déliquescence.
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